Le Verdon (Verdoun en Occitan Provençal de Norme mistralienne) est une Rivière française qui prend sa source au pied de la Tête de la Sestrière (altitude 2572 mètres), entre le Col d'Allos et le Pic des Trois-Évêchés (altitude 2819 mètres), et se jette dans la Durance, près de Vinon-sur-Verdon, après avoir parcouru environ 175 kilomètres.
Le cours du Verdon est situé pour l'essentiel dans le département des Alpes-de-Haute-Provence ; cependant sur plusieurs tronçons de son parcours il sert de frontière entre ce département et celui du Var ; les tout derniers kilomètres sont dans le Var, et le confluent avec la Durance dans les Bouches-du-Rhône.
Dans son cours supérieur, le Verdon a l'allure d'un torrent et présente une pente importante : à Saint-André-les-Alpes, à 45 kilomètres de sa source, la rivière est déjà à 900 mètres d'altitude. En aval de ce point, progressivement grossi par ses affluents, le Verdon franchit plusieurs chaînons montagneux par des gorges imposantes, dont plusieurs ont été équipées de barrages hydroélectriques. Les Gorges du Verdon sont un haut-lieu touristique. Son parcours le plus intéressant, le « Grand canyon », se trouve entre Castellane et le Lac de Sainte-Croix.
La couleur verte du Verdon est due au Fluor et aux micro-algues qu'il contient : elle est probablement à l'origine de son nom, formé à partir du Latin viridum, « lieu verdoyant ». Toutefois, dans les lacs de barrage (lacs de Sainte-Croix ou retenue de Quinson, notamment), ses eaux présentent une couleur turquoise due aux fonds argileux.
Histoire
Le Verdon, dont le cours est surtout marqué par l'existence d'étroites et profondes
gorges, a généralement joué un rôle de frontière plutôt que de voie de communication au cours de l'histoire, à l'instar de la
Durance dont il est un
Affluent. À ce titre, aujourd'hui encore la
Rivière marque la limite entre les départements des Alpes-de-Haute-Provence et du
Var. Enfin, il est notable qu'une partie du Grand canyon du Verdon n'ait été explorée qu'au XX
e siècle seulement.
Néanmoins, comme nombre de rivières le Verdon a attiré l'Homme dès la Préhistoire : si des traces d'occupation humaine existent dès le Paléolithique sur le bas Verdon, c'est surtout le Néolithique qui a livré en importantes quantités un matériel aujourd'hui principalement conservé au Musée de la préhistoire des Gorges du Verdon, à Quinson.
Durant la Protohistoire, le haut Verdon fait partie de l'aire alpine tandis que le moyen et le bas Verdon font partie de l'espace méditerranéen provençal.
Quelques noms de peuples de cette période sont connus : les Gallitae ou Gallites (littéralement « petits Gaulois ») à Allos (aux sources du Verdon), sont vraisemblablement des Gaulois de Cisalpine – des Ombriens – ; les Suètres peuplent la vallée du Verdon dans les Alpes-de-Haute-Provence ; les Reii, qui ont donné leur nom à Riez, leur « capitale », sont quant à eux l'Ethnie la plus importante au nord du bas Verdon.
C'est, en effet, surtout sur le cours du Colostre, affluent du Verdon, et à partir de ce dernier Oppidum que semble alors s'être développée une importante occupation humaine : en aval de Riez, Le nom du village d'Allemagne-en-Provence conserve le souvenir d'une déesse gauloise et, non loin de Saint-Martin-de-Brômes, l'oppidum de Buffe-Arnaud domine le Confluent stratégique du Colostre et du Verdon. Ce dernier site a été fouillé à l'occasion de la rectification de la route départementale 952 en 1992 et a notamment livré un fragment de bracelet laténien de style plastique.
Riez demeure une ville importante à l'époque romaine et paléochrétienne : les ruines d'un temple romain et d'un Baptistère octogonal témoignent de la splendeur passée de cette cité qui est alors reliée à Aix-en-Provence par la via sextiana.
Au Moyen Âge, les familles nobles provençales de Simiane, Pontevès et Sabran se partagent la propriété des villages du Verdon avec les évêques de Riez.
Hydrologie
Le Verdon est une rivière fort abondante, comme tous les cours d'eau issus des régions alpestres. Son débit a été observé sur une période de 37 ans (1969-2005), à Vinon-sur-Verdon, au niveau de son confluent avec la Durance . Le bassin versant de la rivière y est de 1 820 km², c'est à dire sa totalité.
Le débit moyen interannuel ou module du fleuve à Vinon-sur-Verdon est de 27,1 m³ par seconde. Pour les chiffres qui vont suivre, il est nécessaire de garder à l'esprit que le profil de la rivière a été modifié par la série de barrages-réservoirs construits sur son cours.
Le Verdon présente des fluctuations saisonnières typiques d'un régime hydrologique à dominante nivale. On y distingue en effet deux périodes de crue. La moins importante est celle des hautes eaux d'automne. Le débit mensuel moyen monte alors à 31,5 m³ par seconde, en novembre. Cette période est suivie d'une légère baisse de débit jusqu'à 25,9 m³ par seconde en décembre et 27,6 en février. Suit alors une deuxième montée du régime aboutissant à un second sommet — le plus important — en avril (39,1 m³) et surtout en mai (48,2 m³). Il est dû à la fonte des neiges associé aux pluies de printemps. Dès lors, dès le mois de juin, s'amorce la décrue suivie des basses eaux d'été qui se déroulent de juillet à septembre inclus et mènent le débit moyen à son plus-bas du mois d'août avec une moyenne mensuelle de 10,4 m³ par seconde, ce qui reste très confortable, il est vrai. Au total, les oscillations saisonnières paraissent ainsi peu importantes, puisque les débits mensuels moyens se situent tous dans la fourchette comprise entre 10 et 48 m³, mais les fluctuations sont bien plus prononcées observées sur de plus courtes périodes, et aussi selon les années.
À l'étiage, le VCN3 peut chuter jusque 0,060 m³, en cas de période quinquennale sèche, soit seulement 60 litres par seconde, ce qui est extrêmement bas. Le VCN3 est la quantité minimale écoulée ou débit minimal sur trois jours consécutifs.
Quant aux crues, elles ne sont généralement guère importantes, et surtout sans commune mesure avec celles de la Durance ou du Var voisins. La rivière est désormais puissamment régularisée grâce à la série de barrages dont elle est dotée.
Ainsi les QJ 2 et QJ 5 ou débits journaliers calculés de crue biennale et quinquennale valent respectivement 110 et 160 m³ par seconde. Le QJ 10 ou débit journalier calculé de crue décennale est de 200 m³ par seconde, le QJ 20 de 230 m³, tandis que le QJ 50 se monte à 280 m³ par seconde (voir note ). Ces débits de crue sont plus ou moins trois fois plus faibles que ceux de la modeste Sèvre nantaise par exemple. Cela signifie cependant que, par exemple, tous les deux ans on doit s'attendre à une crue de l'ordre de 110 mètres cubes, et que tous les cinq ans, une crue de 160 mètres cubes doit statistiquement se produire.
Le débit journalier maximal enregistré a été de 668 m³ par seconde le 6 novembre 1994. En comparant cette valeur à l'échelle des QJ de la rivière, il apparaît que cette crue était plus de deux fois plus importante que la valeur calculée pour une crue cinquantennale, et donc hautement improbable et certainement très exceptionnelle.
Au total, le Verdon est une rivière abondante, alimentée par les précipitations elles aussi abondantes qui prévalent dans la région, et surtout dans la partie supérieure de son bassin. La Lame d'eau écoulée dans son bassin versant est de 471 millimètres annuellement, ce qui est élevé, largement supérieur à la moyenne d'ensemble de la France tous bassins confondus, et aussi à la totalité du bassin de la Durance. Le Débit spécifique de la rivière (ou Qsp) atteint ainsi le chiffre de 14,9 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.
Aménagement hydroélectrique
Le Verdon est aujourd'hui qualifié de « château d'eau » des départements des
Bouches-du-Rhône et du
Var par Électricité de France : en effet, cinq barrages ont été construit sur son cours pour alimenter en eau la basse Provence pour l'irrigation et la production d'eau potable.
Haut Verdon
Le Haut Verdon correspond à l'actuel canton de Colmars-Allos (et Communauté de communes du Haut Verdon-Val d'Allos) ; le Verdon prend sa source sur la commune d'
Allos, et jusqu'à
Thorame-Haute limite du Haut Verdon, en traversant
Villars-Colmars,
Colmars-les-Alpes,
Beauvezer, les aménagements hydrauliques sont restés modestes, au regard de ceux mis en place en aval. On trouvait principalement quelques scieries qui servaient aussi à produire de l'électricité à certaines époques ou encore à entrainer un moulin à grain. Ces installations ont totalement disparues avec l'apparition de l'entreprise de service public nationalisée EDF.
Moyen Verdon
Le Moyen Verdon commence sur les commune d'
Allons et de
La Mure-Argens (canton de Saint-André-les-Alpes) et correspond à la Communauté de communes du Moyen Verdon.
L'aménagement du moyen Verdon est le premier à avoir lieu : il est fait progressivement.
Entre 1928 et 1932, la Société hydroélectrique du Verdon (SHV) est responsable des chantiers de Castillon et de Chaudanne et bénéficie pour cette tâche des réparations dues par l'Allemagne au lendemain de la Grande Guerre. Suite à la faillite de la société en 1932, les travaux sont interrompus jusqu'en 1938, date à laquelle ils reprennent, d'abord temporairement sous la houlette de l’Énergie électrique du littoral méditerranéen (EELM), puis définitivement à partir de 1942.
Finalement, le Barrage de Castillon, le plus en amont, est mis en eau au printemps 1949 : il donne naissance à une retenue de 5 kilomètres carré et de 150 millions de mètres cubes, dont 85 sont réservés à l'Agriculture.
En aval, le barrage de Chaudanne, moins important, est mis en eau durant l’hiver 1952 par Électricité de France (EDF) : situé dans un verrou du massif de la Victoire, il sert surtout à réguler le flux d'eau.
Bas Verdon
Sur le bas Verdon, la phase d'études démarre dès 1926. L'aménagement de la rivière y est indissociable de celui de la
Durance dans laquelle le Verdon achève sa course.
En 1957, la Société du Canal de Provence (S.C.P.) est créée : à partir de 1963, une centrale est construite par E.D.F. à Vinon-sur-Verdon et un barrage est édifié à Gréoux-les-Bains. Ce barrage sert donc à la fois à la production hydroélectrique, mais aussi à l'alimentation en eau du Canal de Provence.
Il donne naissance à la retenue de Gréoux communément appelée « lac d'Esparron-de-Verdon » et est achevé en 1967.
Enfin, construction à partir de 1970 du barrage de Sainte-Croix, dans la gorge de Baudinard : la retenue du même nom (le « Lac de Sainte-Croix ») est mise en eau en 1975 et couvre une surface de 22 kilomètres carré pour stocker 760 millions de mètres cubes d'eau, dont 140 sont réservés à l'agriculture.
Sainte-Croix forme le deuxième plus grand lac artificiel de France (après celui de Serre-Ponçon) avec 22 km² et 760 millions de m³ stockés. Sous ses eaux se trouvent la source de Fontaine-l'Evêque (première source de France), nombre de sites archéologiques (les résultats des fouilles d'urgence entreprises avant la mise en eau sont visibles au Musée de la préhistoire des Gorges du Verdon, à Quinson) et le village des Salles-sur-Verdon, reconstruit plus haut. 25 kilomètres supplémentaires de route et deux ponts ont dû être réalisés pour assurer la circulation de part et d'autre de la retenue.
En 1975 également, un dernier barrage est achevé à Quinson : il remplace un précédent ouvrage de 15 mètres de haut qui avait été construit en 1868 pour irriguer la plaine d'Aix-en-Provence et donne naissance à la retenue de Quinson, parfois nommée « lac de Montpezat ». Le rôle principal de cette dernière est celui de bassin de compensation du barrage de Sainte-Croix.
Principaux affluents
(d'amont en aval)
- la Lance, rive gauche
- l'Issole (rive droite, à Saint-André-les-Alpes)
- le Jabron (rive gauche, à la clue de Carejuan)
- le Bau ou Baou (rive droite, à l'entrée du Grand canyon)
- l'Artuby (rive gauche, à la Mescla)
- le Colostre (rive droite, peu avant Gréoux-les-Bains)
Principales localités arrosées
et à proximité immédiate :
Voir aussi
Articles de Wikipédia
- La Durance
- Les débits des cours d'eau français du bassin du Rhône
- la liste des rivières de France
Liens externes
Notes et références